1. Fidelio, créé au Kärtnertortheater à Vienne le 23 mai 1814, Ludwig van Beethoven (1770-1827) Parce que Beethoven a exalté mon adolescence et que c'est un des premiers opéras que j'aie vus. Le disque que j'avais à l'époque avait un livret sans traduction : avec un dictionnaire, j'ai entrepris de le traduire mot à mot. J'y ai pris goût pour l'allemand… O. Klemperer, Chœurs et Orchestre Philharmonia, Ludwig, Vickers, Berry, Hallstein, Unger, Frick, 1962, EMI (2 CD)
2. Boris Godounov, créé au Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg le 8 février 1874, Modeste Moussorgski (1839-1881) Parce que le spectacle – autre souvenir de jeunesse – où j'étais figurant (Boris Christoff y chantait le rôle-titre !) m'a fait vibrer avec une musique grandiose et lancinante. Plus tard, le retour à la version originale a renouvelé le plaisir. Version Rimski : A. Cluytens, Choeur de Sofia et Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, Christoff, Lanigan, Uzunov, Diakov, Lear, 1962, EMI (3 CD) Version originale : C. Abbado, Chœurs de Bratislava et de Berlin, Berliner Philharmoniker, Kotcherga, Langridge, Ramey, Larin, Lipovšek, 1993, Sony (3 CD)
3. Così fan tutte, créé au Burgtheater de Vienne le 16 janvier 1790, Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) Parce que sans Mozart la vie ne vaudrait pas d'être vécue. Così, parce que c'est le plus « mozartien » de tous : les larmes perlent sous le sourire, la profondeur s'ouvre sous l'apparente frivolité, le masque révèle le vrai. R. Jacobs, Concerto Köln, Gens, Fink, Güra, Boone, Spagnoli, Oddone, 1998, harmonia mundi (3 CD)
4. Les Maîtres chanteurs¸ créé au Hoftheater de Munich le 21 juin 1868, Richard Wagner (1813-1883) Parce que Wagner ne pouvait pas manquer dans ma liste. Je choisis ce titre, parce qu'on est ici non pas dans l'épique, le mythique et le cosmique, mais à hauteur d'homme. Parce que le renoncement bourru de Sachs au 3e acte me met à chaque fois les larmes aux yeux. R. Kubelik, Chœurs et Orchestre du Bayerischer Rundfunk, Stewart, Konya, Janowitz, Hemsley, Fassbaender, Unger, Crass, 1967, Arts Archives (4 CD)
5. Le Chevalier à la rose, créé au Hofoper de Dresde le 26 janvier 1911, Richard Strauss (1864-1949) Parce que l'âge que la Maréchale sent venir donne lieu à une musique pénétrée de délicatesse et d'humanité, parce que là aussi son renoncement est bouleversant. Mais aussi parce que toute la partition est d'une incroyable richesse orchestrale. H. v. Karajan, Orchestre Philharmonia, Schwarzkopf, Ludwig, Stich-Randall, Edelmann, 1956, EMI (3 CD)
6. Falstaff, créé à la Scala de Milan le 9 février 1893, Giuseppe Verdi (1813-1901) Parce que dans son grand âge Verdi se renouvelle totalement, se parodie lui-même, et que sa bonne humeur, traduite par une écriture prodigieusement virtuose, cache une mélancolie touchante. H. v. Karajan, Orchestre Philharmonia, Gobbi, Panerai, Alva, Schwarzkopf, Merriman, Stich-Randall, Barbieri, 1956, EMI (2 CD)
7. Le Couronnement de Poppée, créé au Teatro SS Giovanni e Paolo à Venise au carnaval de 1643, Claudio Monteverdi (1567-1643) Parce que tous les registres sont parcourus dans ce tableau tendre et cynique des rapports humains, parce que tous les affects de l'âme sont traduits par la plus subtile et économe des musiques. R. Jacobs, Concerto Vocale, Borst, Laurens, Larmore, Köhler, Schopper, 1990, harmonia mundi (3 CD)
8. Billy Budd, créé au Covent Garden de Londres, le 1er décembre 1951, Benjamin Britten (1913-1976) Parce que l'innocence persécutée est au cœur de Britten et parce que cet opéra approfondit le thème avec une force et une émotion qui touche au plus profond. K. Nagano, Hallé Orchestra & Choir, Hampson, Rolfe-Johnson, Halfvarson, Maltmann, 1997, Erato (2 CD)
9. Le Roi Arthus, créé le 30 novembre 1903 à Bruxelles, au Théâtre royal de la Monnaie, Ernest Chausson (1855-1899) Parce que je défends les opéras qu'on ne joue jamais et que ce Tristan français est un chef-d'œuvre trop méconnu. Parce que les inflexions douloureuses de la musique de Chausson m'émeuvent infiniment. A. Jordan, Chœurs de Radio France, Nouvel Orchestre Phlharmonique, Zyllis-Gara, Quilico, Winbergh, Cachemaille, 1985, Erato (3 CD)
10. Der Sturm, créé à l'Opéra de Vienne le 17 juin 1956, Frank Martin (1890-1974) Même raison. Et parce que Frank Martin a su trouver la musique poétique, cocasse ou mystérieuse qui traduit à merveille l'univers shakespearien. Th. Fischer, Orchestre et Chœurs de la Radio néerlandaise, Holl, Buffle, O'Neill, Wilgenhof, 2008, Hyperion (3 CD)