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LE NOZZE DI FIGARO
de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-179)
juin 2013

 

beaumarchais

Pour commencer, voici quelques extraits de la Préface de Pierre-Auguste Caron de Beaumarchais au Mariage de Figaro:

«Oh! que j'ai de regrets de n'avoir pas fait de ce sujet moral une tragédie bien sanguinaire! Mettant un poignard à la main de l'époux outragé, que je n'aurais pas nommé Figaro, dans sa jalouse fureur je lui aurais fait noblement poignarder le Puissant vicieux; et comme il aurait vengé son honneur dans des vers carrés, bien ronflants, et que mon jaloux, tout au moins général d'armée, aurait eu pour rival quelque tyran bien horrible et régnant au plus mal sur un peuple désolé, tout cela, très loin de nos mœurs, n'aurait, je crois, blessé personne, on eût crié bravo. suite L'ouvrage bien moral. Nous étions sauvés, moi et mon Figaro sauvage. Mais ne voulant qu'amuser nos Français et non faire ruisseler les larmes de leurs épouses, de mon coupable amant j'ai fait un jeune seigneur de ce temps-là, prodigue, assez datant, même un peu libertin, à peu près comme les autres seigneurs de ce temps-là.

*****

Pourquoi Suzanne, la camériste spirituelle, adroite et rieuse, a-t-elle aussi le droit de nous intéresser? C'est qu'attaquée par un séducteur puissant, avec plus d'avantages qu'il n'en faudrait pour vaincre une fille de son état, elle n'hésite pas à confier les intentions du Comte aux deux personnes les plus intéressées à bien surveiller sa conduite: sa maîtresse et son fiancé. C'est que, dans tout son rôle, presque le plus long de la pièce, il n'y a pas une phrase, un mot qui ne respire la sagesse et l'attachement à ses devoirs: la seule ruse qu'elle se permette est en faveur de sa maîtresse, à qui son dévouement est cher, et dont tous les vœux sont honnêtes.

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Est-ce mon page, enfin, qui vous scandalise? Et l'immoralité qu'on reproche au fond de l'ouvrage serait-elle dans l'accessoire? Ô censeurs délicats, beaux esprits sans fatigue, inquisiteurs pour la morale, qui condamnez en un clin d'œil les réflexions de cinq années, soyez justes une fois, sans tirer à conséquence! Un enfant de treize ans, aux premiers battements du cœur, cherchant tout sans rien démêler, idolâtre, ainsi qu'on l'est à cet âge heureux, d'un objet céleste pour lui, dont le hasard fit sa marraine, est-il un sujet de scandale? Aimé de tout le monde au château, vif espiègle et brûlant comme tous les enfants spirituels, par son agitation extrême, il dérange dix fois sans le vouloir les coupables projets du Comte. Jeune adepte de la nature, tout ce qu'il voit a droit de l'agiter: peut-être il n'est plus un enfant, mais il n'est pas encore un homme.»

mozart

Tout semble rapprocher les Noces de Figaro de Mozart du Mariage de Figaro de Beaumarchais: les dates de leur création (1784 et 1786, l'étroite parenté de leur intrigue, leur importance dans la carrière de chaque auteur. Chez Mozart, l'éclosion des Noces, la transfiguration inouïe de l'opéra bouffe qu'elles constituent ont quelque chose de mystérieux, de miraculeux. Mais le miracle n'est pas moindre pour la pièce française: Le Mariage est d'une richesse et d'une ampleur étonnantes après la comédie du Barbier. Il est rare qu'un opéra et l'œuvre littéraire qui l'a inspiré apparaissent aussi proches par le contenu, l'esprit, la qualité: car il s'agit bien de deux chefs-d'œuvre. Ces ressemblances et proximités sont néanmoins plus apparentes que profondes et réelles: l'opéra est par nature un univers différent de celui du théâtre parlé, les personnages y ont une autre qualité de présence, le tempo de l'existence n'y est pas le même. Le librettiste, si fidèle qu'il puisse être, introduit forcément modifications et réductions qui, au bout du compte, pèsent leur poids. Et le musicien achève la métamorphose en marquant l'oeuvre de sa sensibilité propre, de son attitude et de ses choix devant la vie. Toutes choses que confirment Les Noces face au Mariage de Figaro.

au jardin...Barbara Frittoli et Ludovic Tezier, mise en scène de Strehler

Les Noces de Figaro est le premier des trois opéras que Mozart écrivit avec Lorenzo Da Ponte et l'oeuvre a été créée au Burgtheater de Vienne le 1er mai 1786. La pièce de Beaumarchais, parce qu'elle mettait en scène un valet qui se révoltait contre son maître, avait été interdite par la censure pendant plusieurs années. En Autriche, la représentation de la pièce en allemand avait aussi été interdite par l'empereur Joseph II et c'est en éliminant les traits de satire politique trop saillants que Mozart et son librettiste obtinrent des autorités la permission d'en faire un opéra. De ce fait, les auteurs semblèrent déplacer le centre de gravité de la pièce (son aspect «révolutionnaire» vers une question qui est au cœur de l'œuvre de Mozart et que ses futurs opéras reprendront et amplifieront (la question de l'amour et des rapports entre les individus. Mais même s'ils sont atténués, les conflits de classes n'en sont pas moins présents et s'expriment parfois avec une violence plus grande que dans l'original. Sur le plan de la construction musicale, Les Noces de Figaro marque une date dans l'histoire de l'opéra. Jamais jusqu'alors œuvre lyrique n'était allée aussi loin dans la diversité et la complexité de la forme pour traduire au plus juste la psychologie des personnages et l'évolution de l'intrigue. L'idée de mouvement est sans doute celle qui caractérise le mieux cette «folle journée». A ce titre, le finale du deuxième acte, qui va de coup de théâtre en coup de théâtre, est un des meilleurs exemples de la perfection de cette mécanique.


Pour terminer, quelques extraits de textes particulièrement intéressants:

Jean-Victor Hocqard - LES NOCES DE FIGARO

«Avec les Noces, Mozart atteint pour la première fois la perfection dans l'art dramatique, si nous entendons par là, pour la pièce prise dans son ensemble, l'absence totale de points morts, la stricte économie des moyens musicaux en vue de l'extrême efficacité scénique et, par l'aisance d'un métier parfaitement dominé, le naturel. Ceci ne soit pas dit pour rabaisser les pièces antérieures. Dans Idomeneo il avait touché à des sommets de l'art tragique, mais il était gêné par la prolixité de son librettiste et surtout pas les exigences artificielles du genre de l'opera seria. L'Enlèvement au Serail avait une fraîcheur printanière incomparable, mais le cadre de l'opérette ne permettait pas au Maître de donner la mesure de son génie. Le Figaro par contre est pour le moins égal aux chefs-d'œuvre qui suivront, et l'on peut même se hasarder à dire que, pour ce qui regarde l'unité synthétique, il les surpasse. En effet, la difficulté à vaincre était considérable: il s'agissait de dominer l'opposition constante du comique au grave. Les traits comiques de Beaumarchais (l'esprit satirique mis à part ont été conservés et même renforcés; la part dramatique été introduite par Mozart et à certains moments poussée au tragique. Il fallait allier ces deux opposites, non seulement en les dosant et en ménageant le passage incessant de l'un à l'autre mais encore - ce qui est suprêmement mozartien - en réalisant leur synthèse par surimpression et par fusion.

fragonard - billet douxFragonard - Le billet doux

Cela donne à la pièce un esprit bien particulier, qui ne se retrouvera pas dans les opéras suivants: Don Giovanni sera plus total, mais plus tendu; le Cosi plus transparent, mais intérieurement crispé. La Flûte enchantée fera rayonner une lumière éthérée d'un ordre plus subtil, mais elle n'aura plus la vitalité spontanée de la trentième année. Loin de nous l'intention - stérile et d'ailleurs naïve - d'établir un ordre de préférence entre les quatre grands chefs-d'œuvre, qui constituent, chacun, un continent musical; mais il est légitime de se demander ce qu'ils ont, chacun, d'unique et de précieux. Le Figaro a pour lui une légèreté incisive, une sensualité chaleureuse, une ironie pleine de générosité et surtout une profondeur qui n'a pas l'air d'être profonde, comme celle que l'eau de source dissimule au sein de la limpidité de son cristal.

Les Noces sont toutes à la joie de vivre: ce qui, dans cette œuvre, donne à la vie son sens, c'est l'amour. Mais cela suffit-il à lui donner son sens? L'amour est-il un but suffisant? Figaro épouse Suzanne, la Comtesse voit son mari lui revenir. Bien. Mais la question se pose: et puis après? La joie de vivre, si saine et vigoureuse qu'elle soit, si généreuse et dénuée d'égoïsme qu'elle puisse être, se suffit-elle à elle-même, étant donné qu'il y a au terme l'échéance de la mort? Qu'est-ce donc que la mort? La cessation pure et simple de la vie, ou autre chose? Ces préoccupations tenaillaient Mozart. L'Ode funèbre maçonnique (qui est de novembre 1785, rappelons-le, donc en pleine composition du Figaro était nette à cet égard: la ruée vitale se heurte et finalement se brise à l'implacable digue des tenues des vents qui scandent le psaume de la mort. Et parfaitement explicite est la lettre qu'il écrit le 4 avril 1787 à son père mourant: «La mort est la raison finale de la vie». Il y a, dans les Noces de Figaro, une incomplétude latente, une aspiration continuelle (Non so più, Dove sono, Deh vieni… et il n'est pas étonnant que les plus hauts moments de cette œuvre, si gaie et si légère d'apparence, ne soient point ceux où le mouvement est mené à un train vertigineux, où la fête déborde dans la griserie du divertissement, mais ceux où la polyphonie recueillie fait basculer soudain les plans en faisant béer des abîmes où l'apaisement de toute passion s'allie étrangement à l'anxiété d'une recherche profonde.»
Extrait du livre sur les Noces de Figaro de Jean-Victor Hocquard, Aubier, 1979

MICHAEL O'KELLY - SOUVENIRS MOZARTIENS

Michael O'Kelly (1764-1826, dans les premières représentations des Noces de Figaro , tenait les rôles de Bazile et de Don Curzio. Pour ce dernier rôle, il osa, malgré l'interdiction de Mozart, introduire le bégaiement dans le sextuor de l'acte III; il obtint un tel succès de rire que Mozart lui déclara, en lui serrant les mains: «Bravo jeune homme, je vous suis bien obligé et j'avoue que vous aviez raison et que j'étais dans mon tort.» L'année de sa mort , Michael O' Kelly publia à Londres deux volumes de souvenirs: Reminiscences of Michael Kelly.

«C'était un homme remarquablement petit, très maigre et pâle, avec une profusion de beaux cheveux fins, dont il était très fier. Il m'invita cordialement à venir chez lui, ce que j'acceptai, et j'y passai une grande partie de mon temps. Il m'accueillait toujours avec bonté et hospitalité. Il aimait remarquablement le punch dont je le voyais avaler de copieuses rasades. Il aimait jouer au billard et il en avait un excellent chez lui. J'ai fait bien souvent des parties avec lui, mais j'étais toujours battu. Le dimanche, il donnait des concerts auxquels je ne manquais jamais. Il avait bon cœur et était toujours prêt à rendre service; mais quand il jouait, il était si susceptible que, si l'on faisait le moindre bruit, il s'arrêtait tout de suite.

fragonard - le verrouFragonard - Le verrou (détail)

De tous les interprètes des Noces à cette époque, le seul survivant, c'est moi-même. On est tombé d'accord que jamais opéra n'avait eu une telle portée. Je l'ai vu représenter à différentes époques en d'autres pays, et bien représenté, mais cela n'était pas plus comparable à la première représentation que les ténèbres à la lumière. Tous les premiers interprètes avaient l'avantage d'avoir étudié eux-mêmes avec le compositeur qui transfusait ses intentions dans leurs âmes. Je n'oublierai jamais son visage peu animé, qui était illuminé par les éclairs brûlants du génie; cela est aussi impossible à décrire que de vouloir peindre les rayons du soleil. Je me souviens de la première répétition avec tout l'orchestre. Mozart était sur la scène, avec sa pelisse cramoisie et son chapeau de haute forme à galons d'or, donnant la mesure à l'orchestre. L'air de Figaro «Non più andrai, farfallone amoroso» fut chanté par Benucci avec une animation et une force de voix des plus grandes. J'étais tout à côté de Mozart qui répétait, sotto voce: «Bravo! Bravo Benucci!» et quand Benucci arriva au passage final: «Cherubino alla vittoria, alla gloria militar!» qu'il chanta d'une voix de stentor, l'effet produisit comme une décharge électrique, aussi bien sur les acteurs en scène que sur les musiciens de l'orchestre qui, comme agités d'un sentiment de ravissement, s'écrièrent: «Bravo! Bravo! Maestro! Viva, viva, grande Mozart!» Je crus qu'à l'orchestre, les musiciens ne s'arrêteraient pas d'applaudir, en frappant de leurs archets sur les pupitres. Le petit homme exprima ses remerciements pour les marques extraordinaires d'enthousiasme qu'on lui témoignait, en s'inclinant plusieurs fois.»
Extrait des Écrits & propos sur Mozart, recueillis par Jean-Victor Hocquard, Librairie Séguier, 1988


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fragonardFragonard - La chemise enlevée

WOLGANG AMADEUS MOZART
Lettre au baron Gottfried de Jacquin
«Prague, 15 janvier 1787

Très cher ami!

Enfin je trouve un moment pour pouvoir vous écrire! J'avais projeté, dès mon arrivée, d'écrire quatre lettres pour Vienne, mais en vain! (...) A six heures, je suis parti en voiture avec le comte Canal, pour le bal dit de Breitfeld, où la fleur des beautés de Prague a coutume de se réunir... Voila qui qui eût été votre affaire, mon ami!... Vous pensez que je cours autour de toutes les belles jeunes filles et femmes... courir... Non! clopiner!... Je n'ai pas dansé, je n'ai pas fait ma cour: l'un parce que j'étais trop fatigué et l'autre par suite de ma timidité naturelle; mais j'ai regardé, avec pleine satisfaction, comment toutes ces personnes-là s'élançaient en tournant, si cordiaux et si joyeux, sur la musique de mon Figaro arrangée en braves contre-danses et allemandes... Car ici, on ne parle pas d'autre chose que de... Figaro: on ne joue, on ne souffle, on ne chante et on ne siffle que des motifs de... Figaro. Aucun opéra n'attire que... Figaro et toujours Figaro. C'est assurément un grand honneur pour moi. (...)
Mozart

P.-S. Mercredi, je verrai et entendrai ici Figaro ..., si d'ici là je ne deviens ni sourd ni aveugle... Peut-être ne le serai-je qu'après l'opéra...»

Wolfgang Hildesheimer
WOFGANG AMADEUS MOZART

L'ACCUEIL TIÈDE DES VIENNOIS

«Nous nous expliquons mal aujourd'hui pourquoi les opéras de la série Da Ponte remportèrent si peu de succès à Vienne et comment il est possible que le public contemporain y ait été relativement insensible. Nous ne comprenons pas que Mozart n'ait été qu'un musicien parmi d'autres, et certainement pas le plus populaire. Évidemment, ses opéras foisonnaient en innovations hardies et brisaient les conventions en usage. Mais comment est-il possible qu'en dépit de leur contenu de plus en plus populaire, les Viennois ne leur aient pas accordé plus de valeur qu'à d'autres. Comment se fait-il qu'à Prague, Mozart soit presque devenu un héros national? Le public y était-il plus réceptif et d'avant-garde? Probablement. Mais surtout, les arbitres du bon goût à la Zinzendorf, les nobles exerçant leurs prérogatives d'amateurs éclairés y étaient beaucoup moins nombreux qu'à Vienne.C'est donc à Prague que l'on pourrait reconnaître le privilège d'avoir découvert Mozart. Les passants dans la rue sifflaient des motifs des Noces de Figaro, au grand étonnement et à la joie de Mozart. (...) Malgré une brillante et nombreuse assistance, la première représentation des Noces de Figaro ne lui remit pas le pied à l'étrier. Ce ne fut ni un échec ni assurément un triomphe. On découvrit avec un flegme imperturbable un de ces nouveaux spectacles dont la carrière, comme celle des autres, serait brève. Jamais Mozart ne fut pris au sérieux en tant que compositeur d'opéras, jamais pareille satisfaction ne lui fut accordée dans sa patrie d'adoption. (...) A ses débuts, Mozart avait donc trouvé à Vienne un accuel léthargique. A l'époque des Noces de Figaro, les Viennois ne lui accordaient pas toujours suffisamment d'importance pour secouer leur apathie. Figaro marqua le début de sa ruine. Les représentants de l'élite, habitués à se voir symboliquement représenter sous les traits des protagonistes de l'opera seria où était magnifiée leur souveraine mansuétude, ne se sentirent peut-être pas vraiment offusqués mais tout de même légèrement froissés. On n'alla pas jusqu'à s'indigner, mais enfin on prit des airs pincés.

fragonard - le verrouFragonard - Le verrou

Dans L'Enlèvement au sérail, les deux héros en difficulté, Belmonte et Constance, sont encore d'excellente famille. Et c'est encore une personne de qualité, un Turc soit, mais rien moins qu'un pacha, qui va donner grâce à eux une preuve de sa magnanimité; bref, on restait pour ainsi dire entre gens du même monde. Évidemment, les domestiques se montraient d'un grand secours, mais ils restaient des serviteurs dévoués et fidèles, à qui il ne serait jamais venu à l'idée de se rebeller. En revanche, dans Les Noces de Figaro, tout se liguait contre le seigneur, un comte, rien de plus, mais qui avait toujours disposé à son gré de ses sujets, jusqu'à ce que des inférieurs viennent contrecarrer ses projets. Leur porte-parole, adversaire du comte, est un valet; or, c'est finalement lui qui l'emporte. Voilà qui ne fut pas du goût de l'aristocratie viennoise. Elle accepta fort mal ce valet exprimant sa détermination avec une vigueur à laquelle ajoutait le caractère radieux de l'ut majeur. Peut-être éprouva-t-elle un certain malaise dès le diabolique récitatif «Bravo, signor padrone», et fut-elle franchement indisposée quand suivit la cavatine «Se vuol ballare, signor Contino». Chacun dut alors se sentir dans la peau d'un signor Contino (...) Figaro, ce laquais, cet ancien barbier, qui sape l'aventure amoureuse d'un comte - l'un des leurs - qui ne se contente pas de lui arracher sa proie, mais fait de son triomphe éclatant la victoire d'un principe désormais indéfectible, n'était pas un héros auquel des aristocrates pouvaient s'identifier. Leurs préférences allaient à des personnages plus affables, des sujets plus attrayants, des compositeurs plus dociles. (...) Lors de la première à Vienne, l'opéra reçut un accueil mitigé. Tout ce qui comptait était là. Le comte Zinzendorf, un chroniqueur scrupuleux totalement dépourvu d'esprit, qui passait le plus clair de son temps à noter dans son journal les événements les plus banals de son existence, inscrivit le soir de la première ...) «L'opéra m'ennuya.» Qu'est-ce qui l'ennuya dans l'opéra? N'était-ce pas les domestiques d'un homme de son rang comme Almaviva qui lui portèrent sur les nerfs? (...) Mozart dirigea également la deuxième représentation au cours de laquelle cinq numéros furent bissés. Lors de la troisième représentation, il y eut encore sept bis. Elle était dirigée par le filleul de Haydn, Joseph Weigl, alors âgé de vingt ans et dont les opéras allaient bientôt remporter à Vienne plus de succès que Mozart n'en avait jamais obtenu...»
Extrait de Wolfgang Amadeus Mozart de Wolfgang Hildesheimer, éditions Jean-Claude Lattès, 1979

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Pour en savoir plus...
Discographie - Le nozze di Figaro
Mozart et son temps

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